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Perspectives d’investissement de Capital Group

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Devises
Dollar US : combien de temps encore la remontée se poursuivra-t-elle ?
Jens Sondergaard
Analyste spécialiste des devises

Les marchés des changes sont très sensibles à la dégradation rapide des perspectives économiques mondiales causée à la fois par l’envolée de l’inflation, l’aggravation des difficultés en Europe et les craintes grandissantes d’une récession mondiale.


Le dollar américain poursuit son impressionnante progression, tandis que l’euro et le yen atteignent des plus bas inédits depuis plusieurs décennies : ainsi, pour la première fois en 20 ans, l’euro est à parité avec le dollar.


Dans ce contexte d’instabilité du marché mondial des devises, Jens Søndergaard, analyste de change chez Capital Group, partage ses perspectives concernant un dollar fort, un euro affaibli et un yen qui semble faillir à sa réputation de valeur refuge.


Comment expliquez-vous les évolutions récentes sur les marchés des changes ?


La croissance mondiale ralentit plus vite que prévu, et les perspectives d’inflation sont très dégradées. Dans les pays développés comme émergents, les banques centrales resserrent énergiquement leurs politiques monétaires – la Banque centrale européenne (BCE) a par exemple surpris les marchés en relevant ses taux de 50 points de base au début de l’été. En fin de compte, les devises ne font que réagir à l’évolution des fondamentaux macroéconomiques.


Le dollar US surperforme les devises des principaux partenaires commerciaux des États-Unis

Le dollar US surperforme les devises des principaux partenaires commerciaux des États-Unis

Au 27/072022. Toutes les données sont indexées à 100 au 30/12/2011. Source : Bloomberg.

Combien de temps le dollar peut-il encore dominer les autres monnaies ?


Le dollar a sans doute encore au moins six mois de progression devant lui. Cette perspective est justifiée : l’économie américaine est plus vigoureuse que d’autres grandes économies et la Réserve fédérale (Fed) mène une politique monétaire très restrictive pour tenter d’atténuer les répercussions des pressions inflationnistes. La situation est toutefois différente dans la plupart des autres pays, où la croissance est anémique, l’inflation est tirée par la flambée des prix de l’énergie, les salaires réels sont comprimés, et les banques centrales contraintes de mener, presque malgré elles, une politique restrictive.


C'est de ce contraste entre les États-Unis et le reste du monde que résultent ces variations de change.


Les six prochains mois pourraient être encore volatils, principalement en raison des craintes de récession. Certes, le dollar reste surévalué, mais je ne vois pas de facteurs qui pourraient être à l’origine d’une baisse à court terme. En temps de récession, le billet vert est généralement la valeur refuge préférée des investisseurs. Par conséquent, tant que la croissance mondiale sera en berne et que l’inflation continuera d’augmenter, il risque de rester fort.


Le dollar US reste surévalué

Le dollar US reste surévalué

Au 26/07/2022. Proportion (en %) dans laquelle le taux de change nominal du dollar US pondéré en fonction des échanges commerciaux est supérieur ou inférieur à sa juste valeur pondérée en fonction des échanges commerciaux. Ces deux indicateurs permettent de mesurer la vigueur d’une devise par rapport à d’autres pondérées par les échanges commerciaux réalisés entre les pays concernés. Sources : Capital Group, JPMorgan.

Quelles sont vos prévisions pour l’euro et la livre sterling ?


Ma plus forte conviction porte sur un repli de la monnaie européenne. La zone euro a besoin d’un taux de change au plus bas pour faire contrepoids aux obstacles macroéconomiques créés par le conflit entre l’Ukraine et la Russie. Même si l’euro est déjà à quasi-parité avec le dollar, je ne suis pas certain qu’il soit encore assez faible.


La récente dépréciation de la monnaie unique reflète les craintes liées aux perspectives macroéconomiques de la zone euro, en proie depuis peu à une « crise du coût de la vie » : la confiance des ménages se dégrade, tandis que le secteur manufacturier européen – levier incontournable de la croissance – fait face à un ralentissement. Ceci dans un contexte de reprise économique post-Covid-19 plus molle en Europe qu’aux États-Unis.


Par ailleurs, l’inflation sur le vieux continent a atteint 8,6 % en juin, un record. Et il subsiste aussi un risque que la Russie ne livre pas à l’Europe le gaz naturel dont cette dernière a besoin pour affronter l’hiver, risque qui pourrait entraîner un rationnement généralisé du gaz, voire la suspension de la production dans de vastes pans du secteur industriel européen, à commencer par l’Allemagne et l’Italie.


Je suis également pessimiste au sujet de la livre sterling, qui a tendance à évoluer de concert avec l’euro. Sans compter que le Royaume-Uni est lui aussi confronté à une explosion du coût de la vie, dans un climat d’incertitude politique amplifié par la démission récente du Premier ministre britannique Boris Johnson.


 


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Jens Søndergaard est analyste de change chez Capital Group. Il possède 15 ans d’expérience dans le secteur de l’investissement et a rejoint Capital Group il y a 8 ans. Il est titulaire d’un doctorat en économie et d’une maîtrise en service diplomatique de l’université de Georgetown. Jens est basé à Londres.


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