John Queen, gérant de portefeuille obligataire
Les marchés des taux ont offert un certain répit durant cette chute généralisée des marchés actions. Les bons du Trésor américain se sont nettement redressés dans le sillage de la publication vendredi 2 août des chiffres du marché du travail. Les investisseurs, en quête de refuge dans un contexte de craintes d’une récession, ont fortement poussé à la baisse les taux des bons du Trésor, alors que les actions s’effondraient et les spreads de crédit s’élargissaient (les taux obligataires évoluent en effet à l’inverse des cours).
Ces mouvements du marché ont suivi la publication le 2 août dernier de chiffres de l’emploi moins bons qu’attendu, avec une hausse du taux de chômage (4,3 % contre 4,1 % en juin) annonciatrice du déclenchement de la Règle de Sahm – une règle selon laquelle une hausse du taux de chômage de cet ordre après un creux s’accompagne toujours d’une récession. La semaine dernière, la Fed a maintenu ses taux dans une fourchette de 5,25 % à 5,50 % pour la huitième fois consécutive. Bien que Jerome Powell, son président, ait indiqué qu’elle pourrait abaisser ses taux dès septembre, les marchés craignent qu’une baisse classique de 25 points de base soit à la fois insuffisante et trop tardive.
Avec des taux plus élevés sur l’ensemble de la courbe servis sur les nouvelles émissions, les obligations ont pu jouer le rôle qu’on attend d’elles lorsque les actions s’effondrent. La corrélation négative entre actions et obligations rappelle l’importance de la diversification et le rôle des obligations dans le portefeuille des investisseurs.
Pour autant, les chiffres du chômage publiés le 2 août restent raisonnables. Il est encore trop tôt pour en conclure qu’ils signalent une réelle faiblesse de l’économie et qu’ils préfigurent une récession. Compte tenu des violents revirements observés depuis le début de l’année au gré des diverses publications de données économiques, et des attentes du marché concernant les baisses de taux d’intérêt, il semble plus prudent, selon nous, de garder une vue à long terme et de prendre du recul pour déterminer s’il est opportun d’ajuster ses positions.