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Actions mondiales
La hausse des marchés se poursuivra-t-elle ?
Caroline Randall
Gérante de portefeuille actions
Greg Wendt
Gérant de portefeuille actions

Alors que les investisseurs s’attendaient à une année morose sur les marchés, les événements semblent avoir pris une tournure différente.


Une récession – et donc une baisse des marchés – paraissait inévitable aux États-Unis. Et pourtant, l’indice S&P 500 a progressé de 16,9 % au premier semestre 2023. En Europe et au Japon, des régions également confrontées à leurs propres défis économiques, les marchés ont fortement progressé en gagnant respectivement 13,6 % en USD pour l’indice MSCI Europe, et 13,0 % en USD pour l’indice MSCI Japan.


« Les marchés ont tendance à surprendre et à faire preuve de résilience lorsque la situation paraît sombre, » affirme Caroline Randall, gérante de portefeuille chez Capital Group. « Aussi, les investisseurs qui souhaitent saisir ces opportunités doivent faire preuve de détermination et rester investis dans les entreprises capables de résister aux périodes turbulentes. »


La plupart des marchés actions ont bondi de plus de 25 % depuis les creux du marché baissier

Sources : Capital Group, MSCI, Refinitiv Datastream, Standard & Poor’s. Les données correspondent aux rendements totaux en USD. PER (price-earnings ratio) : indicateur calculé selon les estimations à 12 mois, et utilisé pour déterminer si une entreprise est surévaluée ou sous-évaluée. Il s’agit du rapport cours/bénéfice par action d’une entreprise. Données au 30 juin 2023. Le marché baissier du S&P 500 débuté le 3 janvier 2022 a atteint son point le plus bas le 12 octobre 2022. Les résultats passés ne préjugent pas des résultats futurs.

Mais où sont passés les investisseurs ?


À vrai dire, cette nouvelle pourrait recevoir un accueil mitigé chez certains : en effet, en 2022, les investisseurs ont délaissé les marchés actions et obligations au profit des liquidités, dans un contexte de dégradation de l’environnement économique. De fait, les fonds monétaires présentaient un encours record de 5 430 milliards USD au 30 juin 2023. Étant donné que le cours des actions est aujourd’hui plus haut qu’il y a six mois, et qu’une récession reste encore possible aux États-Unis, beaucoup d’investisseurs pourraient se montrer encore plus hésitants à revenir sur le marché maintenant, alors qu’ils l’étaient déjà en janvier.


« Avec toutes les incertitudes actuelles – inflation, taux d’intérêt, guerre en Ukraine, récession –, il est légitime que les investisseurs soient déroutés, ajoute Caroline Randall. Cela étant dit, s’ils attendent d’avoir suffisamment d’informations pour se sentir plus confiants en matière d’investissement, il sera alors probablement trop tard, car l’ensemble du marché disposera également de ces données. Je leur conseillerais donc de faire contre mauvaise fortune bon cœur. »


Voici quatre raisons pour lesquelles les investisseurs de long terme pourraient envisager de passer à l’action et ainsi adopter une approche d’investissement plus équilibrée comprenant un assortiment d’actions, d’obligations et de liquidités.


Le niveau record de liquidités comme signe d’un marché haussier


Les montants records placés en cash ou en instruments liquides de court terme pourraient encore soutenir une progression des marchés. Les données historiques montrent que les actifs placés dans des fonds monétaires ont atteint un sommet lorsque le marché boursier était au plus bas – ou en était proche. En effet, au plus fort de la crise sanitaire, le pic des fonds monétaires a été atteint en mai 2020, quelques semaines après le creux du marché boursier américain (représenté par le S&P 500) du mois de mars 2020.


Des similitudes ont été observées au moment de la crise financière mondiale : l’encours des fonds monétaires a culminé deux mois avant le point le plus bas atteint par le S&P 500 le 9 mars  2009. Puis le marché a rebondi : +40 % après trois mois, +55 % après six mois.


Lorsque l’inflation aura atteint son point haut et que le cycle de resserrement monétaire américain s’achèvera enfin, il se pourrait que les investisseurs délaissent les liquidités au profit d’investissements plus rentables, comme les actions et les obligations. Le moment est donc sans doute venu pour eux de faire le point sur leur allocation d’actifs globale avec leur conseiller financier. Et, même s’ils se montrent prudents en cherchant à investir progressivement leurs liquidités au cours des six prochains mois, les résultats potentiels pourraient l’emporter sur le risque de revenir trop tôt sur le marché.


Les épisodes de forte hausse du niveau des liquidités sont généralement suivis de solides rebonds boursiers

Sources : Capital Group, Bloomberg Index Services Ltd., Investment Company Institute (ICI), Standard & Poor’s. Au 30 juin 2023. Les résultats passés ne préjugent pas des résultats futurs.

Le rebond actuel du marché, pour le moment étroit, pourrait s’élargir


À ce jour, le rebond du marché boursier américain ne concerne qu’une poignée de titres : un petit nombre de sociétés technologiques, comme Microsoft, NVIDIA, Meta et Alphabet, ont concentré 90 % des performances du S&P 500 entre le 1er janvier et le 5 juin 2023. L’enthousiasme des investisseurs pour les innovations dans le domaine de l’intelligence artificielle (IA) a fait s’envoler quelques cours boursiers et valorisations. C’est le cas de NVIDIA, surtout connu pour ses puces utilisées dans le domaine du jeu vidéo : le fabricant de microprocesseurs a franchi la barre des 1 000 milliards USD de capitalisation boursière après avoir revu à la hausse, en mai, ses prévisions de chiffre d’affaires, tirées par la demande de ses processeurs dédiés à l’IA.


Les valorisations de ces quelques valeurs technologiques se sont certes envolées, mais d’autres secteurs des marchés américain,  européens et asiatiques, pourraient offrir des valorisations encore plus intéressantes. Au 30 juin, la composante technologique du S&P 500 affichait un PER de 27,4 fois les résultats, contre 19,5 fois pour l’ensemble de l’indice. Quant à l’indice MSCI Europe, qui affichait un PER de 12,4 fois les résultats, sa valorisation se trouvait sous la moyenne décennale de 14,2 fois, malgré les bonnes performances enregistrées récemment.


« Il faut examiner les marchés et les entreprises au cas par cas, indique Caroline Randall. L’orientation du marché a été dictée par un nombre incroyablement restreint de valeurs, je pense donc qu’il existe encore des opportunités d’investissement intéressantes à travers un large éventail de secteurs et de régions. »


De manière générale, les rebonds étroits ont souvent précédé une progression plus homogène et régulière du marché. Bien entendu, les investisseurs doivent tenir compte du fait que si l’euphorie autour de l’IA retombait, un repli des valeurs technologiques pourrait freiner un rebond généralisé. Cela étant dit, l’ensemble des onze secteurs représentés dans le S&P 500 ont contribué positivement au mois de juin.


L’indice large S&P 500 a enregistré des gains solides à la suite d’un rebond étroit des marchés

Sources : Capital Group, Refinitiv Datastream, Standard & Poor’s. On parle de rétrécissement marqué du marché quand le ratio des indices S&P 500 Equal Weight/S&P 500 passe sous le seuil du premier quintile (20 %). Rétrécissements constatés au cours de la période allant du 31 décembre 2004 au 5 juillet 2023. Valeur de l’indice S&P 500 Equal Weight : moyenne simple de l’évolution du cours de chaque titre composant l’indice. Valeur de l’indice S&P 500 : moyenne pondérée en fonction de la capitalisation boursière. En conséquence, plus le ratio est bas, plus les résultats positifs sont concentrés sur un nombre réduit de titres. Moyennes de résultats à terme calculées à partir des dates de rétrécissement. Les résultats passés ne préjugent pas des résultats futurs. Au 5 juillet 2023.

Au-delà du secteur technologique américain : des perspectives favorables


Où les investisseurs prudents doivent-ils chercher de nouvelles opportunités ? Pour Greg Wendt, gérant de portefeuille chez Capital Group, l’innovation est un angle d’analyse déterminant afin d’identifier les opportunités à travers tous les secteurs (et pas seulement dans le secteur technologique).


« L’innovation a toujours été la voie de la croissance et de la prospérité à long terme, » illustre Greg Wendt, qui a constaté une vague d’innovations dans les secteurs de la fabrication d’instruments médicaux et de la consommation.


Des entreprises comme Insulet et Dexcom, par exemple, développent des dispositifs qui permettent aux patients diabétiques de surveiller leur taux de glucose et de recevoir des doses de médicaments (comme de l’insuline) au moment opportun, grâce aux algorithmes prédictifs. « De très nombreuses opérations chirurgicales ont été reportées lors de la crise sanitaire, c’est pourquoi je m’attends également à ce que le rattrapage de la demande stimule la croissance de la plupart des fabricants d’appareils médicaux, » explique Greg Wendt.


Au Japon, la solidité du marché boursier a été l’un des phénomènes les plus inattendus de 2023. Grâce à plusieurs réformes, les sociétés nippones offrent désormais des perspectives plus attrayantes pour les investisseurs. C’est notamment le cas de mesures visant à accroître les ratios de distribution de dividendes et les programmes de rachats d’actions. En outre, l’affaiblissement du dollar US a constitué un tremplin pour les investisseurs américains.


« Les entreprises japonaises commencent à comprendre qu’elles doivent mieux rémunérer leurs actionnaires, et nous observons en conséquence un changement d’attitude en ce qui concerne les ratios de distribution de dividendes, qui s’inscrivent en progression, » commente Caroline Randall.


Par ailleurs, certaines sociétés importantes ont fait le choix de la diversification pour renforcer leur compétitivité à l’échelle mondiale. Au sein du secteur traditionnel des films et appareils photographiques, par exemple, Olympus est désormais le premier fournisseur mondial d’endoscopes – ces instruments médicaux dotés de capteurs d’images et utilisés pour visualiser les organes à l’intérieur du corps humain. Fujifilm s’est pour sa part transformé en acteur des soins de santé, et propose des services de développement et de fabrication de médicaments aux laboratoires pharmaceutiques.


En Europe, la croissance économique a dépassé les attentes, et la région a mieux fait face aux défis énergétiques et à la guerre en Ukraine qu’anticipé. « L’Allemagne, notamment, a fait preuve de résilience. D’autant plus que de nombreuses entreprises du pays ont des activités à l’échelle mondiale, comme DHL Group, une entreprise de logistique qui propose notamment des services de livraison de grande qualité pour le commerce électronique, et qui opère en Europe, aux États-Unis et en Chine, » indique Caroline Randall.


Le point le plus bas est-il déjà atteint ?


Bien sûr, certains obstacles demeurent : l’inflation ralentit, mais reste élevée. Les Banques centrales, dont la Réserve fédérale américaine (Fed), laissent penser que les taux d’intérêt vont continuer d’augmenter. Et, à terme, une récession – bien que modérée – reste probable.


« Une récession en période de plein emploi serait inédite. C’est pourquoi je pense qu’elle sera raisonnablement modérée, et que nous devrions la surmonter relativement facilement, » affirme Greg Wendt.


Et donc, les actions ont-elles entamé un nouveau marché haussier ?


« On peut légitimement se demander si le cycle en cours a atteint son point le plus bas en octobre 2022 – je pense que c’est le cas, souligne Greg Wendt. Même si nous devons rester prudents, il se pourrait donc que la situation s’améliore. L’histoire nous enseigne en effet que, lorsque le contexte paraît morose, les marchés peuvent nous surprendre. »



Caroline Randall est gérante de portefeuille actions chez Capital Group et possède 26 ans d’expérience en matière d’investissement. Elle est également analyste, chargée de couvrir le secteur européen des services aux collectivités. Elle est titulaire d’une licence et d’un master en économie de Cambridge.

Greg Wendt est gérant de portefeuille actions chez Capital Group. Il possède 35 ans d’expérience en matière d’investissement, cumulée intégralement au sein de Capital Group, où il a notamment été analyste actions spécialisé dans les secteurs américains du casino et des jeux, des loisirs, de la restauration et du merchandising. Il couvre également les sociétés de petite capitalisation. Il est titulaire d’un MBA de la Harvard Business School et d’une licence d’économie de l’Université de Chicago. Greg est basé à San Francisco.


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