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États-Unis
Quatre points à surveiller à l’approche des élections américaines
John Emerson
Vice-président, Capital Group International
Reagan Anderson
Première vice-présidente des affaires gouvernementales et réglementaires

Il s’agit de l’année électorale la plus importante de l’histoire du monde. Soixante-seize pays, comptant environ 4,4 milliards d’habitants, tiendront des élections en 2024. On pourrait même qualifier cette année de « festival électoral ».


Certaines de ces élections ont déjà eu lieu. Le mois dernier, Taïwan a élu un candidat indépendantiste, ce qui risque d’aggraver les relations déjà tendues avec la Chine. D’autres élections se profilent à l’horizon, mais sont en grande partie décidées. Par exemple, personne ne s’attend à ce que Vladimir Poutine, le président russe, soit confronté à de sérieuses difficultés le 17 mars.


Ensuite, le monde entier aura les yeux rivés sur un événement bien précis : les élections américaines du 5 novembre, qui verront se disputer la présidence et la vice-présidence, 34 sièges au Sénat et l’ensemble des 435 membres de la Chambre des représentants. De nombreux mandats locaux et d’État, ainsi que d’importantes mesures électorales, seront également en jeu ce jour-là.


Plus de la moitié de la population mondiale pourrait se rendre aux urnes en 2024

L’image présente la population des pays ayant tenu des élections chaque année entre 1945 et 2024, pour atteindre le chiffre record de 4,4 milliards d’habitants cette année. Le record précédent avait été établi en 2014 avec 3,7 milliards de personnes. Pour la première année étudiée, en 1945, le chiffre était de 198 millions. L’image présente également un encart contenant une liste d’élections importantes en 2024, notamment en Russie, en Inde, au Mexique, dans l’Union européenne et aux États-Unis.

Sources : Capital Group, Institut international pour la démocratie et l’assistance électorale, Banque mondiale. Les chiffres relatifs à la population en 2024 sont basés sur les données les plus récentes de la Banque mondiale. Au 9 janvier 2024.

En gardant à l’esprit cette toile de fond mondiale, voici quatre éléments qui, selon nous, détermineront le résultat de ce qui sera sans doute l’une des élections américaines les plus déterminantes depuis une génération :


1. C’est (encore) l’économie, idiot


Pour reprendre une expression de la campagne de 1992, l’élection de 2024 sera marquée par des enjeux économiques. Nous dirigeons-nous vers une récession? Quand l’inflation se normalisera-t-elle? La Réserve fédérale américaine réduira-t-elle les taux d’intérêt? La situation financière de votre famille s’est-elle améliorée ou détériorée à la suite de la pandémie?


Pour le président Joe Biden, qui fera vraisemblablement face à l’ancien président Donald Trump, les derniers indicateurs économiques ont de quoi réjouir. Mesurée par le produit intérieur brut, l’économie américaine a progressé de 3,1 % au cours de l’année écoulée, ce qui est largement supérieur aux attentes. L’inflation a baissé, passant de 9,1 % à l’été 2022 à 3,4 % en décembre. Et les actions américaines ont établi une série de nouveaux records depuis le début de l’année.


En revanche, la hausse des prix à l’épicerie, les logements inabordables et la montée en flèche de la dette nationale seront probablement au centre des préoccupations des candidats de l’opposition, à commencer par M. Trump. Si la crainte d’une récession imminente semble s’être dissipée, nombreux sont les indicateurs économiques qui pointent encore dans cette direction.


Que cela soit juste ou non, les présidents américains gagnent ou perdent les élections au vu des perceptions de l’économie. Qu’il s’agisse d’Herbert Hoover en 1932, déchu à cause de la Grande Dépression, ou de Jimmy Carter, qui a perdu les élections de 1980 à cause du malaise économique de la fin des années 1970, les questions de politique économique déterminent souvent l’issue des élections. Il en sera probablement de même cette année.


2. Tout se jouera dans une poignée d’États stratégiques


Dans cette quête pour le contrôle de la Maison Blanche, du Sénat et de la Chambre des représentants, les résultats finaux dans les États stratégiques risquent d’être encore une fois très serrés. Les vainqueurs peuvent être désignés en fonction d’une marge infime. Et peu importe le parti qui arrive en tête, que ce soit les Démocrates ou les Républicains, il y aura très certainement des plaintes pour tactiques déloyales, des demandes de recomptage des voix et des recours en justice. Il y a fort à parier que nous ne connaîtrons le résultat de quelques scrutins, y compris celui de la présidence, que plusieurs jours après l’élection.


La réalité, c’est que le pays est divisé en deux. La composition actuelle du Congrès en témoigne clairement. Les Républicains détiennent une majorité de trois sièges à la Chambre des représentants. Les Démocrates et les Indépendants ne disposent que d’une majorité d’un siège au Sénat. Lors de la dernière élection présidentielle, si 45 000 voix dans trois États s’étaient exprimées dans l’autre sens, c’est M. Trump qui serait actuellement le président en exercice.


L’électorat américain est divisé en deux, tout comme le Congrès

L’image présente la répartition par partis de la Chambre des représentants des États-Unis. Les Démocrates disposent actuellement de 213 sièges, dont 45 sont à pourvoir dans des circonscriptions contestées, et les Républicains de 219 sièges, dont 43 sont à pourvoir dans des circonscriptions contestées. Trois sièges sont vacants.

Sources : Capital Group, 270toWin, Cook Political Report, Bureau du greffier de la Chambre des représentants des États-Unis. Le nombre de circonscriptions disputées correspond au nombre total d’élections à venir à la Chambre des représentants des États-Unis définies par 270toWin comme étant soit "« vraisemblablement » républicaines ou démocrates," soit "« penchantes »" vers l’un des partis, soit dans une situation de "« pile ou face »," sur la base des estimations consensuelles actuelles de huit sources de sondage (notamment Cook Political Report, FiveThirtyEight, Inside Elections, Fox News, Politico, Split Ticket, Elections Daily et Sabato's Crystal Ball). Au 22 janvier 2024.

Si les États stratégiques vous semblent familiers, c’est parce qu’ils sont les mêmes qu’en 2020. Les États à surveiller en novembre sont l’Arizona, la Géorgie, le Michigan, la Pennsylvanie et le Wisconsin. Il s’agit là des États traditionnellement indécis qui peuvent basculer d’un côté ou de l’autre. Deux autres États, la Caroline du Nord et le Nevada, ont également connu des élections très serrées ces dernières années et sont donc souvent inclus dans la liste des États à surveiller.


Une fois encore, une poignée d’États et un petit nombre d’électeurs devraient jouer un rôle décisif dans l’issue du scrutin. Moins de 100 000 personnes, soit à peu près le même nombre de personnes qui ont assisté en personne aux matchs des séries éliminatoires de la NFL en janvier, vont décider du prochain président des États-Unis.


3. C’est la politique fiscale qui aura l’impact le plus important à long terme


Les importantes réductions d’impôts adoptées sous l’administration Trump arriveront à échéance en 2025. Leur prolongement ou leur expiration dépendra en bonne partie de qui contrôlera la Maison-Blanche et le Congrès après l’élection de 2024.


La loi de 2017 sur les réductions d’impôts et les emplois (Tax Cuts and Jobs Act) a apporté des changements importants au code fédéral des impôts des États-Unis, se traduisant par une baisse générale de l’impôt des particuliers et des entreprises. Selon les différentes estimations, elle devrait réduire les recettes fédérales de près de 1 500 G$ US sur dix ans. Ses défenseurs soutiennent qu’elle stimule la croissance économique, tandis que ses détracteurs lui reprochent d’aggraver la dette nationale.


Une seconde administration Trump, avec le soutien d’un Congrès contrôlé par les Républicains, prolongerait probablement les principales dispositions de la loi, tandis que l’administration Biden chercherait probablement des solutions de rechange, y compris l’augmentation des impôts sur les entreprises et les particuliers, bien que Biden ait promis qu’il n’augmenterait pas les impôts sur les particuliers qui gagnent moins de 400 000 $ US par an.


Par ailleurs, la limite de la dette américaine sera à nouveau examinée au printemps 2025, ce qui exercera une nouvelle pression sur les initiatives en matière d’impôts et de dépenses. La dette nationale a franchi un nouveau seuil record de 34 000 G$ US à la fin de l’année 2023.


Le déficit annuel et la dette nationale étant beaucoup plus importants aujourd’hui qu’ils ne l’étaient lorsque M. Trump a pris ses fonctions en 2016, ces difficultés ne seront pas faciles à résoudre, quel que soit le parti. Les modifications des taux d’imposition et des programmes d’épargne-retraite sont presque toujours à l’ordre du jour, peu importe qui est aux commandes. Lorsque Washington cherche des moyens de lever des fonds, le secteur de la retraite fait souvent l’objet d’un examen minutieux; nous le surveillerons donc de près lorsque les candidats dévoileront leurs propositions économiques.


4. Ne laissez pas la politique faire déraper vos plans d’investissement


Au-delà des questions économiques, la campagne électorale sera l’occasion de débattre de bien d’autres sujets. L’immigration, l’avortement, le changement climatique et le commerce mondial ne manqueront pas d’en faire partie. Sur le plan des relations internationales, nous entendrons des arguments concernant les guerres en Ukraine et au Moyen-Orient, ainsi que les tensions croissantes entre les États-Unis et la Chine.


Autant d’éléments susceptibles d’entraîner une certaine volatilité des marchés, en particulier à l’approche du 5 novembre. Les marchés ont horreur de l’incertitude, et cette élection risque d’en produire beaucoup. Mais il convient de garder à l’esprit un point important : sur le long terme, et ce depuis au moins les années 1930, les actions américaines ont presque toujours été plus fortes à la fin du mandat d’un président qu’elles ne l’étaient au début, quelle que soit l’appartenance politique de ce dernier.


Les actions ont progressé quel que soit le parti qui a remporté la présidentielle américaine

L’image présente la croissance d’un placement hypothétique de 1 000 $ US dans l’indice S&P 500 pendant les présidences démocrate et républicaine, de 1933 à 2023. Un placement de 1 000 $ US en 1933 serait passé à plus de 10 000 $ US en 1951, alors que les Démocrates occupaient la présidence, à plus de 100 000 $ US en 1973 et 1 000 000 $ US en 1991, alors que les Républicains l’occupaient, et à plus de 10 000 000 $ US en 2017, alors que les Démocrates détenaient la présidence. À la fin de l’année 2023, ce placement initial valait 21,9 M$ US. Le graphique présente le fait que les rendements boursiers ont été élevés quel que soit le parti à la tête de la Maison Blanche.

Sources : Capital Group, RIMES, Standard & Poor's. Le graphique présente la croissance d’un investissement hypothétique de 1 000 dollars effectué le 4 mars 1933 (date de la première investiture de Franklin D. Roosevelt) jusqu’au 31 décembre 2023. Les dates de prise de contrôle des partis correspondent aux dates d’investiture. Les valeurs sont basées sur les rendements totaux en dollars américains. Les résultats passés ne sont pas garants des résultats futurs. L’indice n’est pas géré et n’a donc pas de frais. Les investisseurs ne peuvent pas investir directement dans un indice.

Ne laissez pas la politique perturber vos décisions d’investissement. Si vous avez été abasourdi quand une vedette de la télé-réalité nommée Donald Trump a choqué le monde en battant Hillary Clinton en 2016, et que vous avez opté pour des liquidités, vous avez eu raison pendant une journée. Après cela, vous avez manqué quatre années de rendements très élevés.


Inversement, si vous avez été contrarié par l’élection d’un organisateur communautaire nommé Barack Obama en 2009, au plus fort de la crise financière, et que vous avez quitté le marché, vous avez eu raison pendant environ six semaines. Après cela, vous avez manqué l’un des plus grands marchés haussiers de l’histoire des États-Unis.


Comme le veut l’adage, participer au marché est bien plus important que d’anticiper le marché.



John Emerson est vice-président de Capital Group International, Inc. et travaille pour Capital Group depuis 2000. Il a été ambassadeur des États-Unis en Allemagne de 2013 à 2017. Avant cela, il était président de Capital Group Private Client Services.

Reagan Anderson est première vice-présidente des affaires gouvernementales et réglementaires et possède 23 ans d’expérience dans le secteur (au 31 décembre 2023). Elle est titulaire d’un baccalauréat en journalisme de l’université de l’Ohio.


L’indice S&P 500 est un indice pondéré en fonction de la capitalisation boursière, fondé sur les résultats d’environ 500 actions ordinaires largement répandues.

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