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Pourquoi un embargo de l’Allemagne sur les hydrocarbures russes est intenable
Robert Lind
Économiste

Alors que la guerre en Ukraine se poursuit, les appels se multiplient pour que l’Europe cesse d’importer des énergies fossiles russes. En 2021, près des trois quarts du gaz et de la moitié du pétrole exportés par la Russie ont été acheminés vers l’Europe. La suspension de ces échanges aurait un coût astronomique et intenable pour l’économie russe, et pourrait, si l’on en croit de nombreux observateurs, précipiter la fin de la guerre.


Pourtant, le 23 mars dernier, le chancelier allemand Olaf Scholz a réaffirmé l’opposition de son gouvernement à un embargo immédiat sur les importations d’hydrocarbures russes, faisant valoir qu’une telle décision serait contreproductive, car elle plongerait l’économie européenne en récession. L’économie allemande est particulièrement vulnérable à ce scénario, puisque plus de la moitié du gaz qu’elle consomme vient de Russie. Bien que l’Allemagne ait annoncé son intention de réduire progressivement sa dépendance énergétique à la Russie, il lui sera difficile de résister aux pressions politiques croissantes, à l’intérieur comme à l’extérieur de l’Union européenne.


Aux côtés des pays baltes, la France et la Pologne plaident quant à elles en faveur d’une interruption des importations de gaz et de pétrole russes. Les États-Unis semblent également pousser l’Allemagne à renforcer les sanctions. Reste à savoir si l’opposition allemande est définitive, ou s’il s’agit d’une stratégie pour lui permettre de mieux se préparer avant qu’un embargo ne soit finalement imposé. Je pense que c’est la deuxième option qui s’applique.


S’agissant d’un durcissement rapide des sanctions, la prudence est de mise à Berlin, et à juste titre, car elle reflète les craintes croissantes des spécialistes occidentaux concernant les effets indésirables de sanctions sévères. L’instauration d’un embargo sur les énergies fossiles russes pourrait en effet se retourner contre les pays européens si, en guise de riposte, Vladimir Poutine venait à intensifier son action militaire en Ukraine.


Dans ce contexte, il n’est pas impossible que Berlin cherche à gagner du temps. Ces dernières semaines, l’Union européenne a augmenté ses importations de gaz (et notamment de gaz naturel liquéfié). Le 25 mars, le Président américain Joe Biden s’est engagé à aider l’Europe à se procurer 15 milliards de mètres cubes supplémentaires de gaz d’ici fin 2022. Avec l’arrivée du printemps, certains observateurs préconisent de reporter tout embargo jusqu’à ce que l’Union européenne ait amélioré sa situation par rapport à son approvisionnement en gaz. En outre, Olaf Scholz a parfaitement conscience qu’une interruption des importations d’hydrocarbures russes devra être maintenue un certain temps.


La question de l’impact d’un embargo sur l’économie allemande se pose aussi. L’envolée des prix de l’énergie amputerait les revenus des ménages et les bénéfices des entreprises, et provoquerait ainsi une contraction marquée du PIB. Pour faire face à un tel scénario, les gouvernements de l’Union européenne devraient apporter un soutien budgétaire important à leurs économies. L’Allemagne dispose de la marge nécessaire pour le faire, mais elle sait que d’autres pays européens (notamment la France, l’Italie et l’Espagne) en appellent à mutualiser leurs emprunts. Les États membres devraient ainsi intervenir plus pour gérer l’offre, la demande et les prix de l’énergie.


Un embargo énergétique pourrait également modifier en profondeur les rapports de force au sein de l’Union européenne. Depuis une vingtaine d’années, l’Allemagne est la première puissance économique européenne, grâce à des importations d’énergie bon marché de Russie et à la croissance solide de ses exportations de produits manufacturés vers la Chine. La guerre menée en Ukraine par la Russie, avec le soutien implicite de la Chine, constitue donc une menace pour la politique commerciale allemande.


L’affaiblissement de l’économie allemande pourrait avoir comme corollaire de permettre à la France – reléguée au second plan économique et politique depuis 20 ans – de redorer son blason. L’économie française, moins dépendante des énergies fossiles russes (et forte d’une importante capacité nucléaire) pourrait en effet mieux résister à la conjoncture actuelle, et ainsi s’imposer davantage sur l’échiquier politique de l’Union européenne et de la zone euro.



Robert Lind est économiste chez Capital Group. Il possède 36 ans d’expérience dans le secteur de l’investissement et a rejoint Capital Group il y a 8 ans, après avoir été responsable de la recherche macro chez ABN AMRO, puis économiste en chef chez Anglo American. Il est titulaire d’une licence de philosophie, politique et économie de l’université d’Oxford. Robert est basé à Londres.


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