Les secteurs oubliés retrouvent les faveurs des investisseurs
Outre les grandes tendances comme l’essor des véhicules électriques et le rapatriement de la production aux États-Unis, la construction d’infrastructures pour l’IA est source de multiples opportunités au sein du secteur technologique, mais aussi dans de nombreux autres secteurs d’activité. Et cela se voit sur les marchés, dont les performances sont désormais mieux réparties : depuis le second semestre, les sociétés qui versent des dividendes, les actions « value » et les petites capitalisations surperforment toutes l’indice S&P 500.
L’environnement semble d’ailleurs suffisamment positif pour que cette tendance se maintienne, entre la politique d’assouplissement monétaire de la Réserve fédérale américaine (Fed), la libéralisation possible de réglementation dans les secteurs de la banque, de l’énergie et de la santé, mais aussi l’augmentation probable des dépenses militaires sous le gouvernement Trump 2.0. En novembre, par exemple, le département américain du Commerce a signé un contrat avec BAE Systems portant sur la fourniture de semi-conducteurs destinés à être utilisés dans des avions à réaction et des satellites.
Par ailleurs, un allègement de la réglementation et de la fiscalité des entreprises pourrait contribuer à améliorer la trésorerie de nombreuses sociétés et ainsi leur permettre d’augmenter leurs dividendes. Autre exemple, les tendances à long terme comme la relocalisation de l’industrie manufacturière aux États-Unis et la construction de centres de données dédiées à l’IA stimuleront la demande d’électricité à court terme. Le fournisseur américain de gaz CenterPoint Energy table ainsi sur une solide croissance de son activité en 2025.
Cheryl Frank privilégie les actions à dividendes délaissées par le marché, par exemple, des laboratoires pharmaceutiques qui n’ont pas développé de traitement contre le surpoids, mais aussi certains acteurs des services aux collectivités, de la banque et de la défense.
Les mégatendances profitent aussi aux petites capitalisations
La théorie du ruissellement est une réalité : les tendances lourdes qui portent les grandes entreprises ont un impact positif sur des sociétés de capitalisation égale ou inférieure à 6 milliards USD, telles que le fabricant de systèmes de chauffage et de ventilation Comfort Systems et le spécialiste des systèmes de refroidissement pour centres de données Modine Manufacturing.
Or, les géants technologiques qui ont dominé les performances boursières ces dernières années présentent aujourd’hui un écart de valorisation inédit depuis plus de 20 ans avec les petites capitalisations.
« Le décalage entre petites et grandes valorisations est exceptionnel, constate Julian Abdey. Quantité de petites sociétés innovantes affichent des cours raisonnables par rapport aux sociétés plus grandes surfant sur les mégatendances. Je suis convaincu que certaines petites capitalisations pourraient bientôt avoir leur revanche. »
Le supercycle d’investissements dépasse les frontières américaines
La vague de tendances à l’origine du « supercycle » d’investissements en cours aux États-Unis est aussi source d’opportunités pour les industriels européens capables de faire preuve d’agilité.
Par exemple, les voyages aériens ayant désormais renoué avec leurs niveaux précovid, la demande de nouveaux avions commerciaux s’en trouve stimulée, au point que le carnet de commandes d’Airbus, l’un des deux plus grands constructeurs d’avions au monde, est rempli pour les dix prochaines années.
L’industriel français Schneider Electric a quant à lui enregistré une croissance à deux chiffres de son chiffre d’affaires au troisième trimestre 2024 du fait de la construction de centres de données, qui alimente les besoins en équipements spécialisés.
Dans le secteur de la construction, la volonté croissante d’utiliser des matériaux durables pour améliorer l’efficacité énergétique et abaisser les coûts d’exploitation des bâtiments a créé des opportunités pour les chimistes. La société suisse Sika met ainsi à profit sa taille et son envergure pour tenter de gagner des parts de marché.
« Ces tendances représentent des opportunités d’investissement sur plusieurs dizaines d’années, et nous n’en sommes qu’au début », estime Lara Pellini, gérante de portefeuille actions chez Capital Group. « L’Europe compte quelques locomotives industrielles qui sont en train de renforcer leur présence dans des secteurs offrant des perspectives de croissance à long terme. »