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Perspectives des marchés internationaux pour 2023
Gerald Du Manoir
Gestionnaire de portefeuille d’actions
Jens Søndergaard
Analyste des devises
Lisa Thompson
Gestionnaire de portefeuille d’actions

Ces dernières années, les investisseurs ont sans aucun doute été frustrés par les rendements insuffisants des actions internationales. La vigueur du dollar américain, la guerre en Ukraine, la faiblesse des économies en Europe et au Japon et les divers problèmes sur les marchés émergents ont créé des perspectives à court terme pour le moins sombres.


Cela dit, éviter les marchés internationaux reviendrait à ignorer certaines des entreprises les plus prospères du monde, simplement parce qu’elles se trouvent en dehors de l’Amérique du Nord.


Même si vous pensez que les économies à l’extérieur du Canada et des États-Unis sont vouées à plus de difficultés, il existe encore des raisons importantes d’envisager d’investir dans des entreprises internationales et des marchés émergents. Voici les cinq principales raisons :


1. Investir à l’international, c’est s’intéresser aux entreprises, et non pas aux économies.


Il y a une grande différence entre les conditions macroéconomiques descendantes et les perspectives fondamentales ascendantes des entreprises individuelles. Plus que jamais, ce sont les événements propres à chaque entreprise qui déterminent les rendements, ce qui confère une importance accrue à la recherche approfondie et à la sélection de titres individuels.


Pour de nombreuses multinationales ayant leur siège dans des régions en difficulté économique, les conditions locales peuvent avoir peu ou pas d’impact sur les revenus, sauf pour ce qui est de la réglementation et de la fiscalité, explique Gerald Du Manoir, gestionnaire de portefeuille du Fonds Capital Group actions internationalesMC (Canada).


« En Europe, par exemple, l’intérêt pour Airbus a beaucoup à voir avec la demande d’avions aux États-Unis et en Chine », explique M. Du Manoir. « L’intérêt pour LVMH s’explique principalement par la demande des consommateurs américains pour les produits de luxe. »


« Sur les marchés émergents », ajoute-t-il, « l’intérêt pour la Taiwan Semiconductor Manufacturing Company (TSMC) a beaucoup à voir avec la demande mondiale de puces informatiques. Certes, les perspectives de certaines économies ne semblent pas très intéressantes, mais je suis convaincu que nous pouvons encore trouver des entreprises prometteuses en Europe, au Japon et sur les marchés émergents. »


Les facteurs propres aux entreprises ont eu une incidence importante et croissante sur les rendements

L’image indique la composition des rendements des marchés développés et des marchés émergents, attribuée aux facteurs liés à la région et au pays, aux facteurs liés au secteur et à l’industrie, et aux facteurs liés aux entreprises. L’échelle verticale va de 0 % à 100 %. L’échelle horizontale indique les années de 1992 à 2022. L’image de gauche montre que sur les marchés développés, les facteurs spécifiques aux entreprises sont passés d’une fourchette inférieure de 60 % à une fourchette supérieure de 70 %. L’image de droite indique que sur les marchés émergents, les facteurs spécifiques aux entreprises sont passés d’une fourchette d’environ 35 % à environ 65 %. Exprimé en USD.

Source: Empirical Research Partners, au 30 sept. 2022. Analyse effectuée par Empirical Research Partners au moyen de l’univers des actions de cette firme dans les pays développés et émergents qui se rapprochent des indices MSCI World et MSCI Emerging Markets, respectivement. Les données montrent le pourcentage des rendements boursiers (en USD) qui peuvent être attribués à divers facteurs au fil du temps en moyenne glissante sur deux ans. Les résultats passés ne sont pas garants des résultats futurs.

Par exemple : L’entreprise française Airbus est en passe de livrer 700 avions commerciaux cette année, soit environ 200 de plus que son rival américain Boeing. En octobre, le groupe français LVMH a fait état d’une hausse de 27 % de son chiffre d’affaires au troisième trimestre, en grande partie grâce aux touristes américains qui ont acheté des sacs à main et des bijoux de luxe à prix réduit, en raison de la baisse de l’euro par rapport au dollar. L’entreprise taïwanaise TSMC, le plus grand fabricant de puces au monde, a récemment annoncé une expansion de plusieurs milliards de dollars de ses capacités de production en Arizona, profitant des subventions du gouvernement américain visant à ramener l’industrie des puces en Amérique.


« Il s’agit d’entreprises mondiales qui génèrent des revenus dans le monde entier », précise M. Du Manoir.


2. La vigueur du dollar américain ne durera pas éternellement.


L’un des obstacles à l’investissement à l’étranger a été la force du dollar américain, qui réduit les rendements basés sur d’autres devises lorsqu’ils sont convertis en USD. Le billet vert a grimpé en flèche ces dernières années en raison de la force relative de l’économie américaine, des taux d’intérêt généralement plus élevés aux États-Unis et du statut de valeur refuge du dollar. La vigueur du dollar américain s’est accélérée cette année, la Réserve fédérale américaine ayant relevé ses taux de manière agressive dans le but de maîtriser l’inflation.


Ces conditions ne dureront pas éternellement, affirme Jens Søndergaard, analyste des devises chez Capital Group, qui estime que le dollar est surévalué d’environ 20 % par rapport à un panier d’autres devises étrangères. Alors que rien n’indique encore que le dollar a atteint un sommet, tous les regards sont tournés vers la Fed.


« Une fois que la Fed cessera de relever les taux et recommencera peut-être à les réduire, le décor pourrait être planté pour un renversement de la domination du dollar que nous avons connue au cours de la dernière décennie », indique M. Søndergaard. « Au fur et à mesure que l’économie mondiale prend de la vitesse, les devises procycliques devraient en profiter, ce qui pourrait également offrir un environnement plus favorable aux actions internationales. »


En attendant, n’oubliez pas qu’un dollar américain fort n’est pas toujours une mauvaise chose pour les entreprises hors États-Unis. De nombreuses entreprises européennes réalisent une part importante de leurs revenus totaux en dollars. Dans le secteur de la santé, par exemple, le fabricant français de médicaments Sanofi a indiqué que les effets de change avaient dopé ses ventes de près d’un milliard d’euros au premier semestre 2022.


De nombreuses entreprises hors É.-U. génèrent des revenus substantiels en dollars américains

L’image présente les revenus en dollars américains exprimés en pourcentage qui sont générés par les entreprises de divers secteurs de l’indice MSCI Europe. Le secteur de la santé est le plus important (37,1 %), suivi par les biens de consommation de base (26,2 %), l’industrie (25,6 %), les services de communication (20,7 %), la consommation discrétionnaire (20,3 %), l’énergie (20,1 %), les technologies de l’information (19,9 %), les matériaux (17,4 %), les services aux collectivités (11,5 %) et l’immobilier (2,2 %).

Sources : Capital Group, FactSet, Refinitiv Datastream. L’exposition au chiffre d’affaires ci-dessus reflète la moyenne pondérée du pourcentage de chiffre d’affaires généré aux États-Unis par les composants respectifs de chaque indice. Les listes de composants sont à jour au 23 août 2022; l’exposition du chiffre d’affaires des entreprises est estimée par FactSet et est à jour en janvier 2022.

3. Les occasions de dividendes sont plus nombreuses en dehors des États-Unis.


Au cours de la dernière décennie, les investisseurs ont passé peu de temps à penser aux dividendes. Comparées aux chouchous de l’Internet, les entreprises qui versent des dividendes semblaient carrément ennuyeuses. Eh bien, dans les marchés plus volatils d’aujourd’hui, l’ennui est le bienvenu, dit Caroline Randall, gestionnaire de portefeuille de Capital Group générateur de revenuMC (Canada).


Ce sentiment n’est nulle part plus ancré que sur les marchés hors des États-Unis, où les dividendes ont historiquement constitué une part plus importante du paysage de l’investissement. Au 30 novembre 2022, plus de 580 entreprises ayant leur siège sur les marchés internationaux et émergents offraient des rendements en dividendes élevés, compris entre 3 % et 6 %, contre seulement 110 aux États-Unis (et 34 au Canada).


« Avec le ralentissement de la croissance, l’augmentation du coût du capital et la baisse des valorisations des entreprises technologiques moins rentables, je m’attends à ce que les dividendes contribuent de manière plus importante et plus stable aux rendements totaux », ajoute Mme Randall. « Ils peuvent également offrir une mesure de protection contre les risques de renversement lorsque la volatilité augmente. »


Les payeurs de dividendes se multiplient sur les marchés internationaux et émergents

L’image indique le nombre d’entreprises des marchés émergents, internationaux et américains dont le rendement en dividendes se situe entre 3 et 6 %. Au 30 novembre 2022, les États-Unis comptaient 110 de ces entreprises, le Canada 34, les marchés internationaux 269 et les marchés émergents 317. Un encadré à droite présente quelques exemples : Saudi Aramco, PetroChina Company et China Merchants Bank sur les marchés émergents; Roche, Shell et Novartis sur les marchés internationaux; ExxonMobil, Chevron et AbbVie aux États-Unis et la Banque Royale du Canada, la Banque Toronto-Dominion et Canadian Natural Resources au Canada.

Sources : Capital Group, MSCI, RIMES. Au 30 novembre 2022. Les exemples d’entreprises représentent les trois plus grandes entreprises de chaque région avec des rendements compris entre 3 % et 6 %.

Les entreprises hors États-Unis qui ont versé des dividendes réguliers et supérieurs au marché se retrouvent dans tous les secteurs, notamment la finance, les biens de consommation de base, la santé et les matériaux. Parmi les exemples, citons Zurich Insurance, British American Tobacco, le fabricant de médicaments Novartis et la société minière Rio Tinto.


4. La nouvelle économie dépend des anciens secteurs.


Alors que les entreprises axées sur le numérique, le commerce électronique et les médias sociaux se débattent dans un contexte de ralentissement du marché, les investisseurs se recentrent sur les entreprises de l’ancienne économie qui sont nécessaires pour répondre aux aspirations de la nouvelle économie. De nombreuses entreprises des secteurs des matériaux, des finances et de l’industrie sont basées à l’extérieur des États-Unis, tandis que les secteurs de la technologie et de la santé sont plus répandus aux États-Unis.


Il s’agit là d’un facteur clé de la divergence entre les rendements boursiers américains et non américains au cours de la dernière décennie, qui a alimenté la domination des entreprises américaines liées à la technologie. Si ce secteur doit encore se développer, il est certainement plus mature qu’il y a dix ans.


Les entreprises de la vieille économie jouent un rôle plus important sur les marchés hors des États-Unis

L’image indique la répartition sectorielle de l’indice MSCI ACWI (All Country World Index) en fonction de l’exposition régionale : hors É.-U. et É.-U. Les secteurs sont présentés dans l’ordre suivant : matériaux à 65 % hors É.-U., finance à 52 % hors É.-U., industrie à 47 % hors É.-U., biens de consommation de base à 44 % hors É.-U., énergie à 42 % hors É.-U., services aux collectivités à 41 % hors É.-U., consommation discrétionnaire à 37 % hors É.-U., immobilier à 32 % hors É.-U., services de communication à 30 % hors É.-U., santé à 28 % hors É.-U. et technologies de l’information à 19 % hors É.-U.

Sources : Capital Group, MSCI, RIMES. Au 31 octobre 2022.

Les investisseurs qui cherchent une diversification par rapport aux domaines qui ont mené le dernier marché haussier peuvent envisager de se tourner vers l’extérieur des États-Unis, où les évaluations ont tendance à être plus faibles et où une recherche approfondie peut permettre de découvrir des joyaux oubliés ou longtemps négligés, déclare Lisa Thompson, gestionnaire de portefeuille d’actions.


« Je me tiens généralement à l’écart des enfants cool de la dernière décennie et je cherche des opportunités parmi ceux qui sont peu populaires », remarque-t-elle, notant que l’Europe, le Japon et l’Amérique latine sont de bons endroits pour les trouver.


« De nombreuses entreprises américaines ont amplement profité de la mondialisation et du faible coût du capital », explique Mme Thompson. « Je pense donc que c’est de bon augure pour les entreprises d’autres marchés qui n’ont pas autant, voire pas du tout, bénéficié des tendances dominantes de la dernière décennie. »


5. Les meilleures actions ne se trouvent pas toutes aux États-Unis – loin de là.


Au cours des dix dernières années, alors que les valeurs technologiques américaines faisaient l’objet de toutes les attentions en raison de leurs rendements élevés, de nombreux investisseurs ont négligé un détail : les 50 entreprises ayant obtenu les meilleurs rendements annuels chaque année étaient en grande majorité basées en dehors des États-Unis.


Vous avez des doutes? Jetez un coup d'œil au tableau.


77 % des actions ayant obtenu les meilleurs rendements depuis 2013 étaient basées en dehors des États-Unis

L’image présente la classification annuelle des 50 plus importantes actions (à partir de 2013 jusqu’au 31 octobre 2022, par région). Les régions sont les suivantes : Marchés émergents (hors Chine), Chine, pays développés et États-Unis. Au cours de la période indiquée, la représentation des États-Unis parmi les 50 premières actions a varié entre 3 et 23. Les rendements de l’indice en 2013 pour les États-Unis et les pays autres que les États-Unis sont de 32,4 % et 15,3 %, respectivement; 13,7 % pour les États-Unis et -3,9 % pour les pays autres que les États-Unis en 2014; 1,4 % pour les États-Unis et -5,7 % pour les pays autres que les États-Unis en 2015; 12,0 % pour les États-Unis et 4,5 % pour les pays autres que les États-Unis en 2016; 21,8 % pour les États-Unis et 27,2 % pour les pays autres que les États-Unis en 2017; -4,4 % pour les États-Unis et -14,2 % pour les pays autres que les États-Unis en 2018; 31,5 % pour les États-Unis et 21,5 % pour les pays autres que les États-Unis en 2019; 18,4 % pour les États-Unis et 10,7 % pour les pays autres que les États-Unis en 2020; 28,7 % et 7,8 % pour 2021; -17,7 % et -24,3 % pour 2022 en date du 31 octobre 2022. Les 50 premières actions sont les entreprises ayant le rendement total annuel le plus élevé de l’indice MSCI ACWI. Le tableau des rendements utilise les indices S&P 500 et MSCI ACWI ex USA pour les États-Unis et les autres pays, respectivement.

Sources : MSCI, RIMES. Les données pour 2022 sont celles de l’année en cours au 31 octobre 2022. Les rendements sont en USD. Les 50 premières actions sont les entreprises ayant le rendement total le plus élevé de l’indice MSCI ACWI chaque année. Le tableau des rendements utilise l’indice S&P 500 et l’indice MSCI ACWI ex USA pour les États-Unis et les autres pays, respectivement.

S’il est vrai que les actions internationales ont généralement été à la traîne des marchés américains sur cette même période, les rendements basés sur les indices que la plupart des investisseurs suivent ne disent pas tout. Au niveau de chaque entreprise, le tableau est sensiblement différent. Si vous aviez décidé d’ignorer les actions européennes, asiatiques et autres actions non américaines, vous auriez manqué bon nombre des meilleures opportunités.


L’examen des données dans ce contexte nous rappelle les avantages de maintenir un portefeuille équilibré et bien diversifié et de suivre une approche d’investissement flexible.


Il reste à voir comment la décennie actuelle se déroulera, mais il est possible qu’une tendance à long terme se maintienne.  Au niveau de chaque entreprise, les meilleurs rendements annuels ont principalement été générés par des actions trouvées en dehors des États-Unis — ce qui confirme l’idée que le monde est un marché de sélection d’actions qui favorise souvent les investissements sans frontières.



Gerald Du Manoir est gestionnaire de portefeuille d’actions et possède 34 ans d’expérience dans le secteur (au 31 décembre 2023). Il est titulaire d’un diplôme en finance internationale, obtenu avec distinction de l’Institut Supérieur de Gestion à Paris.

Jens Søndergaard est analyste des devises et possède 17 ans d’expérience dans le secteur (au 31 décembre 2022). Il est titulaire d’un doctorat en économie et d’une maîtrise en service extérieur de l’Université Georgetown.

Lisa Thompson est gestionnaire de portefeuille d’actions et possède 35 ans d’expérience en matière de placement (au 31 décembre 2023). Elle est titulaire d’un baccalauréat en mathématiques de l’Université de la Pennsylvanie et détient également le titre d’analyste financière agréée (CFA®).


L’indice MSCI ACWI est un indice pondéré selon la capitalisation boursière flottante, conçu pour mesurer les résultats des marchés des actions sur les marchés développés et émergents mondiaux. Il est composé de plus de 40 indices de pays développés et émergents.

 

L’indice MSCI ACWI ex USA est un indice pondéré selon la capitalisation boursière flottante, conçu pour mesurer les résultats boursiers des marchés développés et émergents mondiaux, à l’exception des États-Unis. L’indice est composé de plus de 40 indices de pays développés et émergents.

 

L’indice MSCI World est un indice pondéré selon la capitalisation boursière flottante, conçu pour mesurer les résultats boursiers des marchés développés. L’indice est composé de plus de 20 indices de pays de marchés développés, dont les États-Unis.

 

L’indice MSCI Emerging Markets capte la représentation des grandes et moyennes capitalisations dans 27 pays des marchés émergents.

 

L’indice MSCI Europe est conçu pour mesurer les résultats des marchés d’actions développés dans 15 pays développés d’Europe.

 

L’indice S&P 500 est un indice pondéré en fonction de la capitalisation boursière, fondé sur les résultats d’environ 500 actions ordinaires détenues par un grand nombre d’actionnaires.

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