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Perspectives 2023 : marchés américains
Jared Franz
Économiste
Martin Romo
Gérant de portefeuille actions
Diana Wagner
Gérante de portefeuille actions

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Perspectives 2024

La question que se posent actuellement les investisseurs ? « Combien de temps encore faudra-t-il faire face aux difficultés du marché ? »


L’indice S&P 500 a enregistré sa pire année en plus de 10 ans en 2022, avec une contraction de 13,1 % entre le 1er janvier et le 30 novembre. Et comme le contexte macroéconomique constitue un frein pour de nombreuses entreprises, les marchés devraient rester volatils ces douze prochains mois.


L’économie américaine est plus solide que la plupart des autres économies développées. Pourtant, plombée par une inflation forte et des taux d’intérêt en hausse, elle semble se diriger vers une récession.


Jared Franz, économiste chez Capital Group, estime qu’elle pourrait se contracter d’environ 2 % en 2023 – soit un ralentissement plus marqué qu’après l’éclatement de la bulle internet, mais moins fort que pendant la crise financière mondiale. « Mais les investisseurs doivent avant tout retenir qu’à toute récession succède la croissance. »


Et il y a quelques lueurs d’espoir. Les dépenses des ménages, par exemple, qui forment une base solide de l’économie américaine, ont été étonnamment solides malgré le niveau élevé de l’inflation, progressant de 1,7 % en septembre contre 1,4 % attendu. Les consommateurs américains peuvent-ils empêcher une récession ? « Probablement pas », juge Jared Franz. Mais il est bon de voir qu’ils font leur part.


Quelle que soit l’orientation des statistiques économiques, les sociétés bien dirigées peuvent rivaliser et prospérer dans l’environnement actuel. Et les investisseurs à la fois patients et sélectifs peuvent être récompensés. « Nous traversons une période dans laquelle l’environnement macro est particulièrement important », explique Martin Romo, gérant de portefeuille chez Capital Group. « Mais en se focalisant uniquement sur l’analyse macroéconomique, on court le risque de trop s’attacher à déterminer dans quelle phase du cycle on se trouve, et de passer à côté des sociétés qui tirent leur épingle du jeu et pourraient être les catalyseurs du prochain marché haussier. Personnellement, je préfère consacrer mon temps à la recherche fondamentale pour trouver ces opportunités d’investissement. »


Voici cinq thèmes d’investissement pour l’année 2023.


1.  Les actions pourraient se redresser avant que l’économie redémarre


Toutes les récessions sont douloureuses à leur manière, mais si l’on en croit les données passées, elles ne sont jamais très longues : notre analyse de 11 cycles américains depuis 1950 révèle une durée allant de 8 à 18 mois, pour une moyenne de 10 mois.


De plus, les marchés actions commencent généralement à se redresser avant la fin officielle d’une récession. Au cours du cycle en cours, la plupart des grands marchés actions ont d’ailleurs déjà devancé l’économie dans leur chute, puisqu’ils sont entrés dans une phase de marché baissier à la mi-2022. D’après les leçons du passé, ils rebondiront environ six mois avant que l’économie ne redémarre.


Les actions sont d’ordinaire un indicateur avancé de l’économie

Sources : Capital Group, Federal Reserve Board, Haver Analytics, National Bureau of Economic Research, Standard & Poor’s. Chiffres moyens de tous les cycles terminés aux États-Unis de 1950 à 2021, indexés à 100 à chaque haut de cycle. Autres données : tous les cycles terminés entre le 1er janvier 1950 et le 31 octobre 2022. Production industrielle : évolution de la production réalisée par le secteur manufacturier, le secteur minier et les services aux collectivités ; elle sert d’indicateur du cycle économique Les résultats passés ne préjugent pas des résultats futurs.

« Les marchés ont tendance à anticiper de meilleures perspectives, et ce bien avant que cela soit visible dans les indicateurs économiques », clarifie Jared Franz. Autrement dit, les investisseurs ont sans doute intérêt à rester investis et à ne pas tenter d’anticiper les mouvements du marché. Le fait de profiter pleinement de la reprise peut avoir des effets très positifs sur un portefeuille d’investissements. Dans tous les cycles depuis 1950, les marchés haussiers ont débouché sur un gain moyen de 265 %, contre une perte moyenne de 33 % pour les marchés baissiers.


Les meilleurs gains peuvent être enregistrés juste après un point bas. C’est pourquoi il semble opportun de rester investi en attendant le retournement conjoncturel. Comme Jared Franz le précise : « Le rebond des marchés après le creux peut se faire sur un temps très court, et de façon imprévisible. »


2.  Les dividendes redeviennent importants


Ces dix dernières années, peu d’investisseurs se sont préoccupés des dividendes, qu’ils jugeaient ennuyeux face aux résultats à deux chiffres publiés par les leaders des technologies et de la consommation, lesquels généraient par ailleurs la majeure partie du rendement total des marchés.


Mais dans le contexte actuel, l’ennui devient... vertueux, selon Diana Wagner, gérante de portefeuille actions chez Capital Group : « Avec la remontée des taux et le ralentissement de l’économie, je trouve de nombreuses opportunités parmi les sociétés qui versent des dividendes élevés. Et la part des dividendes dans le rendement total repart à la hausse. »


Par le passé, les dividendes ont représenté une part plus importante du rendement total

Source : S&P Dow Jones Indices LLC. Données pour les années 2020 : du 1er janvier 1926 au 30 novembre 2022. *L’indice S&P 500 a enregistré un rendement total négatif dans les années 2000. Les dividendes ont généré un résultat annualisé de 1,8 % sur la décennie. Les résultats passés ne préjugent pas des résultats futurs.

Alors que les dividendes ont représenté à peine 16 % du rendement total de l’indice S&P 500 dans les années 2010, leur contribution historique moyenne s’élève à 38 %, et a même dépassé 70 % durant l’épisode inflationniste des années 1970. « Lorsqu’on table sur une croissance à un chiffre, les dividendes peuvent procurer un réel avantage, et même offrir une certaine protection contre le risque baissier dans un contexte volatil. Cela dit, il est essentiel de vérifier s’ils sont viables sur le long terme. »


Une grande variété de secteurs – de la finance à l’énergie, en passant par les matériaux ou encore la santé – versent des dividendes réguliers et supérieurs au reste du marché. Ainsi, UnitedHealth Group, première mutuelle américaine, a continué de verser des dividendes élevés malgré la remontée des taux d’intérêt. « Les banques de détail, qui sont dans l’œil du cyclone en termes d’exposition au cycle économique, ont fait preuve de prudence face au ralentissement. Je pense que les fondamentaux de certaines d’entre elles pourraient s’améliorer au cours de l’année à venir. En d’autres termes, leurs dividendes sont stables et pourraient même augmenter. »


Quant au secteur de l’énergie, Diana Wagner considère que nous sommes en pleine crise énergétique et table sur une augmentation de la demande à plus long terme. « Quantité d’acteurs du secteur de l’énergie montrent leur engagement à verser des dividendes. » C’est notamment le cas de la compagnie d’exploration et de production ConocoPhillips, qui a récemment fait part de son intention d’accroître ses rachats d’actions et ses dividendes.


3.  Les marchés actions seront portés par davantage de secteurs


Il est courant qu’un marché baissier se solde par un changement de leadership sectoriel. Face à la flambée du coût du capital, les entreprises assorties de cash-flows élevés et fiables ont ainsi les moyens de mener la prochaine phase de redressement.


Dans le secteur de la santé, par exemple, des laboratoires pharmaceutiques innovants et bien capitalisés sont aujourd’hui en position de force sur les prix. Certains peuvent compter sur leur rentabilité à court terme pour financer des acquisitions ou d’autres stratégies d’expansion – un critère d’autant plus important que la hausse des taux d’intérêt peut limiter leur capacité à soutenir leur croissance par la dette.


Les grands laboratoires pharmaceutiques peuvent se financer de manière autonome

 

Sources : Capital Group, MSCI, Refinitiv Datastream, Refinitiv Eikon. Les chiffres ci-dessus reflètent la valeur totale de l’investissement à court terme en liquidités dans les composants de l’indice MSCI World Pharmaceuticals, en USD. Au 30 septembre 2022.

« Que le secteur de la santé tire – ou non – le prochain marché haussier, certaines de ses sociétés les mieux gérées pourraient devenir les prochaines pépites », indique Diana Wagner.


Récemment, grâce à l’investissement dans la R&D, de nouvelles thérapies ont été mises au point pour traiter des pathologies graves, comme l’obésité, qui touchera plus d’un milliard d’individus d’ici 2030, et dont découlent maladies cardiovasculaires, diabète et insuffisance rénale. Des sociétés telles que Eli Lilly ont investi massivement dans des thérapies susceptibles de favoriser une perte pondérale de 20 % à 25 %.


« Alors que le développement de thérapies est en plein essor et pourrait considérablement améliorer la qualité de vie des populations, le secteur de la santé recèle des opportunités. Il faut cependant faire preuve de sélectivité, car tous les médicaments ne seront pas des ‘blockbusters’. »


4. Le retour en force des titres « growth » pourrait dépendre de leurs résultats


L’année 2022 a été éprouvante pour les titres « growth », à tel point que les investisseurs s’en sont détournés au profit des titres « value ». Mais ils ont peut-être tort de penser que l’investissement axé sur la croissance a fait long feu. Pour Martin Romo, « il faut aborder cette thématique sous un autre angle ».


Depuis une dizaine d’années, les marchés ont été dominés par les leaders des technologies et de la consommation, dont l’essor rapide a été, dans la plupart des cas, imputable au faible coût du capital. Mais dans un contexte d’envolée de l’inflation et de remontée des taux d’intérêt, les investisseurs pourraient reconsidérer leur approche face à des valorisations considérées comme élevées.


Aujourd’hui, l’augmentation du coût du capital joue en défaveur des titres « growth ». « Or, pour espérer réussir leurs investissements dans ce segment, les investisseurs devront sans doute moins compter sur l’appréciation des multiples et plus sur la croissance des résultats. Dans ce nouvel environnement, il s’avère donc judicieux de cibler davantage les sociétés assorties de valorisations compréhensibles et cohérentes par rapport à leurs bénéfices et cash-flows à court terme », recommande Martin Romo.


« Par exemple, les géants technologiques bien établis, qui bénéficient de cash-flows visibles grâce à leur offre de logiciels existants, mais aussi d’une offre plus dynamique hébergée dans le cloud, pourraient figurer parmi les leaders du prochain marché haussier. Mais à l’avenir, les investisseurs s’intéresseront davantage à la rentabilité des entreprises, et se montreront moins tolérants vis-à-vis des sociétés en plein essor mais qui affichent une croissance des résultats faible, voire nulle. »


5. Il faut se préparer à une possible renaissance industrielle


Outre les secteurs de la santé et des technologies, d’autres secteurs plus inattendus peuvent sortir du lot, comme les équipementiers industriels. Des tendances globales comme la modernisation du réseau électrique, le rapatriement de la production ou encore la sécurité énergétique, pourraient en effet être à l’origine d’un « super cycle » d’investissement et ainsi favoriser une renaissance industrielle.


La mondialisation a engendré un important sous-investissement dans les machines, les usines et autres projets essentiels. « Dans la plupart des pays développés, l’industrie manufacturière est vieillissante », comme l’explique Gigi Pardasani, analyste d’investissement actions chez Capital Group.


La hausse des investissements pourrait favoriser une « renaissance » pour les équipementiers industriels

Sources : Capital Group, FactSet, MSCI. En USD courants. Estimations de FactSet, y compris les prévisions correspondant à 2022 et 2023. Données au 31 octobre 2022.

De plus, la transition vers les énergies renouvelables et l’enjeu de la sécurité énergétique génèrent des opportunités pour les sociétés qui investissent le plus.


« Nous avons récemment eu une discussion passionnante sur la nouvelle loi Inflation Reduction Act, qui devrait permettre aux États-Unis d’aiguiller des milliards de dollars vers le secteur des énergies renouvelables », ajoute Jody Jonsson, gérante de portefeuille actions chez Capital Group. « Je pense qu’elle débouchera sur le renouveau des sociétés industrielles traditionnelles qui fournissent le secteur des énergies renouvelables ou qui aident d’autres entreprises à améliorer leurs performances énergétiques – que ce soit dans le domaine des bâtiments intelligents, de l’efficacité énergétique, des réseaux intelligents ou des technologies de batteries. »


Les milliards de dollars investis stimulent également le potentiel de croissance du chiffre d’affaires de plusieurs leaders sectoriels, comme Rockwell Automation (équipements), Lockheed Martin et Tesla (batteries et stockage de l’énergie), ou encore Caterpillar et Baker Hughes (équipementiers au service de l’industrie de l’énergie et de l’exploitation minière).


« Ce cycle d’investissement peut être positif pour le secteur manufacturier américain, qui devrait bénéficier d’une longueur d’avance du fait de la baisse attendue à long terme des coûts énergétiques. Le label ‘Made in USA’ pourrait ainsi redevenir synonyme de croissance. »



Jared Franz est économiste chez Capital Group et possède 18 ans d’expérience dans le secteur de l’investissement. Il est titulaire d’un doctorat en économie d’University of Illinois à Chicago et d’une licence de mathématiques de Northwestern University.

Martin Romo est gérant de portefeuille actions chez Capital Group et possède 31 ans d’expérience en matière d’investissement (au 31 décembre 2022). Il est président de Capital Research Company et siège au Comité de direction de Capital Group. Il est titulaire d’une licence de l’université de Californie, Berkeley, et d’un MBA de Stanford.

Diana Wagner est gérante de portefeuille actions et possède 23 ans d’expérience en matière d’investissement. Elle est titulaire d’un MBA de la Columbia Business School et d’une licence d’histoire de l’art de l’université de Yale.


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