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Perspectives d’investissement de Capital Group

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Actions américaines
Trump 2.0 : comment investir ?
Jared Franz
Économiste
Richmond Wolf
Gérant de portefeuille actions
Chitrang Purani
Gérant de portefeuille obligataire

Alors que le second mandat du Président Trump vient juste de commencer, les annonces se succèdent à un rythme effréné. Des hausses des droits de douane à la réduction drastique des dépenses publiques, en passant par d’autres initiatives audacieuses, ces changements de politique devraient avoir une incidence forte sur l’investissement.


Au centre des préoccupations des investisseurs figurent les décrets qui affecteront les entreprises de nombreux secteurs d’activité, comme ceux de l’aéronautique, de la défense, de l’industrie ou encore de la banque. Mais il y a d’autres points en suspens, comme l’expiration (prévue à la fin de cette année) de dispositions majeures de la loi « Tax Cuts and Jobs Act » et la poursuite des financements en vertu de la loi « Affordable Care Act ».


Quels secteurs pourraient progresser ou se contracter sous l’effet des politiques appliquées par Donald Trump ?


Le graphique ci-dessus illustre les secteurs qui pourraient progresser ou régresser à l’ère Trump 2.0. La première colonne énumère les secteurs/groupes de sociétés, la deuxième propose des scénarios possibles pour chaque secteur ou groupe, et la troisième colonne indique si les perspectives correspondantes sont positives, neutres ou négatives. Une perspective positive est représentée par un triangle, une perspective neutre par un carré et une perspective négative par un triangle orienté vers le bas. Le scénario du secteur de l’aérospatiale et de la défense prévoit une augmentation des dépenses militaires intérieures et étrangères, ce qui est considéré comme positif. Le scénario concernant le secteur bancaire prévoit un allègement des réglementations et une diminution des exigences de fonds propres, ce qui est également considéré comme positif. Le scénario pour le secteur de la santé est la déréglementation et la baisse des prix, ce qui est considéré comme neutre. Le scénario concernant le secteur des énergies renouvelables porte sur une baisse des subventions publiques, ce qui est également considéré comme neutre. Le scénario pour le secteur des semi-conducteurs est la baisse des coûts des intrants et le risque de surabondance de l’offre, qui sont également considérés comme neutres. Le scénario concernant le secteur du pétrole et du gaz, selon lequel l’augmentation de la production nationale d’énergie pourrait faire baisser les prix, est également neutre. Le scénario concernant les services de télécommunications prévoit la vente de fréquences et une réglementation moins stricte, ce qui est également considéré comme neutre. Pour les entreprises du groupe « Magnificent Seven », le scénario est celui d’une augmentation potentielle des coûts, ce qui est perçu comme négatif. Enfin, le scénario du secteur de la construction est une hausse des coûts de main-d’œuvre
liée aux restrictions en matière d’immigration, ce qui est également considéré comme négatif.

Source : Capital Group. Au 8 novembre 2024. *Les prix pourraient augmenter si certaines sociétés sont tenues de cotiser au fonds Universal Service Fund de la Federal Communications Commission. À titre d’illustration uniquement. Les perspectives peuvent différer d’un analyste d’investissement et gérant de portefeuille à l’autre.

D’après notre analyse, les entreprises capables de manœuvrer au travers des changements d’orientation politique et des mutations technologiques pourraient être les gagnantes de l’ère Trump 2.0 – et la recherche fondamentale sera essentielle pour les distinguer. C’est dans ce contexte que trois professionnels de l’investissement de Capital Group donnent leur avis sur les opportunités et les défis susceptibles de découler de la politique intérieure et étrangère de la nouvelle administration Trump.


1. La politique « America First » met l’accent sur la réindustrialisation


Le deuxième mandat du Président Trump semble synonyme d’abandon du libre-échange au profit du protectionnisme, ce qui signifie que les hausses de droits de douane et l’instauration d’autres barrières commerciales pourraient se maintenir dans la durée.


La politique « America First » vise à accroître le nombre d’emplois industriels, « pour revitaliser le secteur manufacturier que les États-Unis avaient mis en place dans les années 1950 et 1960 », explique Jared Franz, économiste chez Capital Group. Des secteurs tels que ceux de la construction et l’industrie seront donc certainement sollicités au service des centres de données, de l’automobile et de la pharmaceutique. On pourrait par exemple voir une augmentation de la demande d’équipements de construction de Caterpillar et de systèmes de chauffage et de refroidissement de Carrier.


Ce renouveau industriel pourrait d’ailleurs rayonner par-delà les frontières américaines, et ainsi profiter à des entreprises étrangères, à l’instar de Taiwan Semiconductor Manufacturing Company (TSMC) et de Siemens, qui ont décidé de s’implanter sur le territoire américain.


Le programme « America First » pourrait donner un coup d’accélérateur à l’industrie manufacturière


Ce graphique en courbe met en évidence la part de tous les travailleurs américains employés dans la fabrication de biens entre 1950 et 2024. La courbe commence à 31 % en 1950, augmente légèrement jusqu’à un pic de 32 % en 1953, puis diminue régulièrement ensuite. Elle s’établit à 20 % en 1981 et continue à baisser jusqu’au niveau actuel de 8 % en 2024.

Sources : Capital Group, U.S. Bureau of Labor Statistics, U.S. Department of Labor. Chiffres corrigés des variations saisonnières, basés sur les emplois hors agriculture. Au 31 décembre 2024.

Selon Jared Franz, l’économie américaine florissante pourrait également être en mesure de surmonter les quelques effets négatifs ciblés engendrés par la hausse des droits de douane et les règles d’immigration. Par exemple, certains secteurs très dépendants de l’immigration, comme celui de la construction, pourraient pâtir d’une pénurie de main-d’œuvre, laquelle se traduira probablement par une hausse des coûts de construction.


2. La déréglementation pourrait stimuler l’innovation


Si elle se matérialise, la vague de déréglementations promise par Donald Trump aura des conséquences profondes sur l’économie. Les valorisations pourraient ainsi devenir très volatiles, le temps que les investisseurs assimilent les signaux parfois contradictoires entre hausse des droits de douane et allègement de la réglementation.


Cela dit, comme l’observe Richmond Wolf, gérant de portefeuille actions chez Capital Group, les politiques déployées par l’administration Trump 2.0 pourraient aussi accélérer l’innovation dans l’intelligence artificielle (IA), voire dans des domaines spécifiques de la santé, comme la recherche sur les cellules souches, qui intéresse particulièrement le nouveau Secrétaire à la santé et aux affaires sociales. Et avec les progrès observés dans le développement de l’IA, les solutions de robotique pourraient bientôt se multiplier dans les domaines commercial, résidentiel et de la consommation, ce qui sera bienvenu pour des sociétés comme Boston Dynamics, qui crée des robots pour des applications militaires, commerciales et de recherche.


Les investisseurs ont tendance à sous-estimer l’impact à long terme des nouvelles technologies


Ce graphique présente les chiffres prévisionnels et réels pour quatre types de produits ou services technologiques. Les prévisions de départ en 2000 étaient de 225 millions d’utilisateurs de PC et de 152 millions d’utilisateurs d’Internet, avec des chiffres réels qui ont finalement atteint 354 millions d’utilisateurs de PC et 361 millions d’utilisateurs d’Internet, soit une sous-estimation de 36 % et 58 %, respectivement. En ce qui concerne les smartphones, les ventes prévues en 2013 étaient de 657 millions d’unités, pour un total réel de 1,019 milliards, soit une sous-estimation de 36 %. Quant au chiffre d’affaires des trois principaux fournisseurs de cloud en 2020, les prévisions de départ étaient de 90,2 milliards USD, pour un montant réel qui a finalement atteint 115,6 milliards USD, soit une sous-estimation de 22 %. Les prévisions de départ du marché de l’intelligence artificielle en 2030 sont de 1 800 milliards USD, mais la valeur réelle et la sous-estimation potentielle sont inconnues et représentées par des points d’interrogation.

Sources : « Morgan Stanley AI Guidebook: Fourth Edition », 23 janvier 2024 ; « Next Move Strategy Consulting », Statista. Dates des prévisions de départ : février 1996 pour les utilisateurs de PC et d’Internet, janvier 2010 pour les ventes de smartphones, mars 2017 pour le chiffre d’affaires des trois fournisseurs de cloud et janvier 2023 pour la taille du marché de l’IA.

Autre exemple d’opportunité, les véhicules autonomes de Waymo (filiale d’Alphabet) sont désormais légion dans les rues de San Francisco et de Los Angeles. La réussite future de cette filière réside dans sa capacité à se développer de manière rentable, tout en misant sur la sécurité, qui est indispensable pour gagner la confiance du public.


Dans le secteur de la santé, malgré les pressions pesant sur de nombreuses sociétés du fait de l’attention accrue portée aux subventions prévues par la loi sur les soins abordables « Affordable Care Act », plusieurs sociétés du secteur conservent des valorisations attrayantes, analyse Richmond Wolf. C’est notamment le cas des laboratoires de thérapie cellulaire et des fabricants de technologies médicales (dont les spécialistes de la chirurgie robotique, Intuitive Surgical et Stryker), qui ne sont pas directement concernés par ces préoccupations de nature réglementaire.


Enfin, Donald Trump incite les États membres de l’OTAN à accroître leurs dépenses militaires, une stratégie qui devrait profiter aux sociétés européennes du secteur de l’aéronautique et de la défense. Les dépenses militaires américaines devraient quant à elles rester stables, mais les budgets pourraient être réorientés au profit de technologies plus récentes comme la cybersécurité, l’espace et la robotique. Les actions des entreprises liées de près ou de loin aux voyages dans l’espace ont pour leur part bondi depuis l’élection de Donald Trump. La société Rocket Lab USA, par exemple, a gagné 8,93 % entre le 1er janvier et le 21 février 2025, contre seulement 2,98 % pour le S&P 500.


3. Les obligations mieux notées offrent un potentiel de revenus stables


L’inflation et l’évolution des politiques douanières et d’immigration alimentent l’incertitude sur les marchés. Mais face à la vigueur de l’économie américaine, une baisse des taux d’intérêt de la Réserve fédérale américaine (Fed) apparaît de moins en moins probable cette année.


Sauf choc de croissance ou d’inflation, les taux d’intérêt pourraient donc se maintenir autour de leur niveau actuel, prévoit Chitrang Purani, gérant de portefeuille obligataire chez Capital Group.


L’indice des prix à la consommation (IPC) est remonté à 3 % en janvier après avoir baissé jusqu’à 2,4 % en septembre 2024. L'indice des prix hors énergie et alimentation a quant à lui atteint 3,3 %. D’après Chitrang Purani, l’inflation finira par se rapprocher de l’objectif de 2 % fixé par la Fed, mais cela prendra plus de temps que prévu – en particulier si Donald Trump met en œuvre les politiques commerciales plus agressives qu’il a annoncées.


Les obligations de qualité semblent jouer à nouveau leur rôle de diversification par rapport aux actions


Ce graphique en bâtons illustre le rendement total moyen des actions (représentées par l’indice S&P 500) et des obligations (représentées par l’indice Bloomberg U.S. Aggregate) pendant les périodes de volatilité des actions, c’est-à-dire pendant les périodes où le cours de l’indice S&P 500 baisse de 10 % ou plus, puis se redresse d’au moins 75 %. Sur les sept périodes de volatilité des actions observées entre 2010 et 2021, les actions ont en moyenne reculé de 17,4 %, tandis que les obligations ont progressé de 1,4 %. Sur les deux périodes de volatilité des actions observées en 2022 et 2023, les actions ont en moyenne reculé de 17,2 %, et les obligations de 9,4 %. Au cours de la seule période de volatilité des actions observée en 2024, les actions ont reculé de 7,9 %, tandis que les obligations ont progressé de 2,6 %. Données de 2024 au 30 novembre.

Sources : Capital Group, Morningstar. Périodes de volatilité des actions de 2010 à 2023 : baisse d’au moins 10 % (sans dividendes réinvestis) de l’indice S&P 500, suivie d’une reprise d’au moins 75 %. Période de volatilité de 2024 : du 15 juillet au 4 août 2024.

« Dans l’environnement actuel, il est plus important que jamais de pouvoir séparer le bon grain de l’ivraie », déclare Chitrang Purani, qui préfère composer ses portefeuilles avec des obligations de qualité plutôt qu’avec des titres plus risqués et moins bien notés. Il estime en effet que les valorisations sont tendues sur l’ensemble des marchés obligataires, car les investisseurs ont eu tendance à miser principalement sur un scénario de croissance optimiste. Et comme des taux souverains supérieurs se traduisent également par un potentiel de revenu solide, les investisseurs doivent veiller à privilégier la qualité. 


Les obligations constituent en outre un moyen attrayant de diversifier un portefeuille. Pour Chitrang Purani, « Les bons du Trésor américain à court et moyen terme servent actuellement des taux attrayants, compatibles avec la perspective d’une inflation plus résistante et de taux directeurs américains plus élevés pendant plus longtemps. Surtout, ils offrent un potentiel haussier intéressant si la croissance s’avérait décevante. » Dans un tel scénario, les taux souverains pourraient commencer à reculer, ce qui se traduirait mécaniquement par une remontée des cours obligataires.


Perspectives


Certains décrets signés par le président Trump pourraient avoir des répercussions à la fois prolongées et complexes, tant pour la société civile que pour le secteur privé. Les conséquences seront dans certains cas imprévisibles, de sorte qu’il semble judicieux pour les investisseurs d’être attentifs au niveau des valorisations face au risque de volatilité accrue.


« Le monde de l’investissement tel qu’on l’a connu ces dernières décennies est en train de changer, ce qui alimente l’incertitude. Cela dit, s’il y a quelque chose à en retenir, c’est que les marchés et les économies ont démontré leur résilience au cours du temps, et qu’ils continueront à évoluer et à s’adapter », conclut Jared Franz.



Jared Franz est économiste chez Capital Group, chargé de suivre les États-Unis. Il possède 19 ans d’expérience dans le secteur de l’investissement, et a rejoint Capital Group il y a 10 ans. Il est titulaire d’un doctorat (PhD) en économie d’University of Illinois Chicago, ainsi que d’une licence de mathématiques de Northwestern University. Il a également été formé à l’US Naval Academy. Jared est basé à Los Angeles.

Richmond Wolf est gérant de portefeuille actions chez Capital Group et possède 19 ans d’expérience dans le secteur de l’investissement. Il est également analyste d’investissement actions, chargé de couvrir les sociétés américaines de technologies médicales et les REIT. Il est titulaire d’un doctorat du California Institute of Technology et d’une licence de Princeton University.

Chitrang Purani est gérant de portefeuille obligataire chez Capital Group et possède 21 ans d’expérience dans le secteur de l’investissement. Il est titulaire d’un MBA d’University of Chicago, d’une lience en finance de Northern Illinois University, ainsi que de la certification Chartered Financial Analyst®.


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